Nés du Dieu Soleil

Savez-vous qu'il y a au pays Niçois des gens qui descendent du Dieu soleil?

Suite à la mésaventure de Phaëton, sa progéniture perdit peu à peu sa divinité à force de mariages mixtes. Plus ils s'éloignèrent de leur origine, plus ils étaient fiers d' être les descendants de Phaëton, le contexte de sa faute s'étant peu à peu effacé. Dans l'incendiaire ils ne voulaient voir que le Dieu!

Son nom se transmettait de génération en génération, aux aînés de la famille, précédant le nom de la province ou de la ville.
C'est ainsi que fut nommé Phaëton de Thrace.
Parti guerroyer, il n'assista pas à la naissance de son fils, à qui sa mère lui donna, contrairement à ce que dicte la tradition, le simple nom de Lygur.
Elle raconta à son mari que ce nom lui fut donné dans un rêve par Mercure lui-même et qu'il serait aussi le nom d'un peuple.
Ceci laisse Phaëton de Thrace rêveur... Il voyait déjà le petit Lygur chef d'une nation.

L'éducation de l'enfant fut d'une rare rudesse. A mesure qu'il avançait en âge, Lygur se révélait digne du prestigieux destin auquel il était promis.
Courageux, robuste, adroit, il possédait en outre une sagesse qui manque trop souvent aux adultes.
Il n'eut pas la tête enflée lorsqu' arrivé dans l'adolescence son père lui appris ce qu'attendaient les Dieux de lui.
En fils respectueux il ne se permit pas d'exprimer ses doutes.

Durant la nuit, assailli par ses mêmes doutes, il vit apparaitre son lumineux ancêtre, le grand aïeul incendiaire...
Celui-ci l'emmena dans son char pour parcourir les signes du zodiaque. Happé par le temps et prit de panique, il demanda à son ancêtre d'arrêter le temps, d'arrêter ce char de feu... Il assistait à une fuite des saisons qui l'effrayait:"

- Les jours raccourcissent! Retenez-les! De grâce!
- Las! Las! Mon enfant! Calmez-vous! répondit l'aïeul, Il est donné aux hommes d'abréger par la folie leur propre existence. Mais arrêter le vol des heures?! Les Dieux mêmes en sont empêchés!
- N'y a t'il pas moyen, quelques âges que l'on ait, d'oublier qu'elles passent si vite ses heures?!"

Sans ralentir sa randonnée éclair il déclara:"

- Il existe sur terre ce pays dont tu rêves. Là, s'équilibrent les saisons. Ni la froidure de l'hiver ni la sécheresse de l'été n'en dérange le climat radieux."

Au réveil lui vint une idée de conquête... une certaine courbe du littoral méditerranéen.

L'armée était prête. Ils étaient enivrés à l'idée de se battre et de s'enrichir des dépouilles de l'ennemi. Le pays était alors tenu par les Sicanes dont les Grecs ne firent qu'une bouchée.

Le chef des envahisseurs décida aussitôt de donner son nom à ce peuple, tout comme Mercure l'avait dicté dans le rêve de sa mère.
Aux Sicanes succédaient donc les Lyguriens.

Lygur s'établit sur le littoral conquis ainsi que bon nombre de ses parents, pris sous le charme de cet eden. Il s'y maria et eut beaucoup d'enfants.

Les générations qui se succédèrent, se souvinrent-elles de leur ancestrale divinité?
Parmi les Niçois d'aujourd'hui, lesquels s'inquiètent de remonter dans le temps pour rechercher cette filiation exceptionnelle?
Évidemment, il serait difficile a dresser l'arbre généalogique qui aurait pour souche le soleil!
Les divins descendants, n'ont aucun de ces signes extérieurs que l'on relève par exemple chez ceux qui procèdent de la naissance d'un sylphe
et d'une humaine, d'une sirène et d'un humain!
Nul de nos contemporains, dans les familles les plus anciennement établies à Nice ou dans ses environs, ne saurait démontrer, preuves à l'appui,
son appartenance à la lignée de l'astre roi, de l'astre Dieu!

Mais tous on le droit de se poser la question et de se dire:"Peut-être..."

Contes et légendes du Pays Niçois